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Sibylle FENDT

Sibylle FENDT

© Sibylle FENDT

 

 

Née en 1974 à Karlsruhe en Allemagne.
Vit et travaille à Berlin.
Site personnel : http://www.sibyllefendt.de/

 

Sibylle Fendt revient à la Biennale de Liège avec son dernier projet, la série "Gärtners Reise" après y avoir montré en 2008 sa série "Uneins".

Née à Karlsruhe, en Allemagne, en 1974, Sibylle Fendt a étudié la photographie et l'histoire de l'art à la Karlsruhe Technical University, à la Germany University of Applied Sciences de Bielefeld et a suivi les cours de Wolfgang Tillmans à la Städel-Art-Academy de Francfort. Elle vit actuellement à Berlin où elle enseigne la photo à la Ostkreuzschule.  
 
Eté 2008 : Lothar Gärtner et sa femme Elke décident de se lancer dans un grand voyage, probablement leur dernier. Ils ont traversé l'Europe en caravane pendant toute leur vie à deux. Deux ans auparavant, Elke est tombée malade : Alzheimer. Lothar a voulu s'occuper d'elle et l'accompagner dans sa maladie, à la maison, aussi longtemps que possible. En mars 2008, Sibylle commence à les photographier chez eux. Pendant les deux mois d'août et de septembre 2008, elle les accompagne dans leur ultime voyage à travers la Pologne, la Lituanie, la Lettonie, l'Estonie, Saint-Petersbourg et jusqu'au retour chez eux.
Les images nées de ce projet ne sont pas des photos de vacances. Ils sont les symboles d'un voyage à travers un territoire inconnu.
En février 2009, Elke décède de manière complètement inattendue après une lourde chute.
 
Un couple de retraités profitant de son temps pour voyager en mobil home, c'est plutôt réjouissant. Pourtant, dans les images de Sibylle Fendt, quelque chose cloche : sur certaines, la dame a parfois un regard complètement absent, perdu; sur d'autres, elle semble crier ou pleurer avec violence sans que rien dans la photographie ne l'explique.

Son compagnon sourit peu, il semble être à la fois son tendre protecteur mais aussi son gardien vigilant, la soutenant, l'aidant, l'aimant...

La mémoire des années passées est la dernière que détruit la maladie d'Alzheimer, elle s'attaque d'abord à la mémoire de l'instant, des heures, des jours qui viennent de s'écouler mais laisse leur vigueur aux vieux souvenirs avant de les absorber pour toujours et de ne plus laisser à la personne aucun repère quant à sa propre existence. Ce dernier voyage, ce dernier tour de piste des vieux souvenirs permet de boucler la boucle, de faire le tour des choses auxquelles il fallait donner un dernier regard.

Le travail de Sibylle Fendt témoigne autant d'une disparition progressive que de ce qui résiste et subsiste de l'histoire de ce couple, peu à peu dévoré par le trou de la mémoire d'Elke. Elle capte la relation et la solitude, les lieux traversés valant plus comme prétexte pour capter la position des corps, les regards, les gestes. Parfois très proche du couple ou de l'un des deux, parfois très éloignée, la photographe semble à la fois dedans et dehors. Elle cherche aussi parfois des échappatoires à l'histoire, à ce voyage qui fut éprouvant pour elle, dans les paysages notamment, comme une manière de laver son regard, de l'aérer, pour mieux le retourner ensuite sur le couple qui avance inexorablement vers la fin...     

Il y a chez Sibylle Fendt une fascination pour la maladie mentale. On peut penser que ce qui l'intéresse le plus chez ces personnes c'est qu'elles ne peuvent ou ne veulent pas porter de masque, tout est à vif et exige un grand respect de la part du photographe pour ne pas tomber dans la vulgarité, le sensationnalisme ou l'incongru. C'est là bien sûr une des qualités de Sibylle Fendt. Une autre est d'arriver avec ces images à nous faire comprendre que ses personnages ne sont pas si différents de ce que nous sommes, serons ou pourrions être un jour.

JPH/AFL

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