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Marina ABRAMOVIC et ULAY

Marina ABRAMOVIC et ULAY

© Marina Abramovic, SABAM Belgium-2012

Marina ABRAMOVIC

Née en 1946 à Belgrade (Serbie).
Vit et travaille à New York.
www.nimk.nl

 

ULAY (Uwe Laysiepen)

Né en 1943 à Solingen (Allemagne).
Vit et travaille à Amsterdam.
www.ulay.net

www.nimk.nl

 

En douze années de vie et de travail communs, Marina Abramovic et Ulay ont exploré à travers le prisme du corps, l’ensemble des paramètres qui animent la dynamique relationnelle. Dans un parfait équilibre entre le symbolique et le cathartique, chacune de leur performance visite et redéfinit la notion d’alter ego. Le caractère atemporel des « Relation Works » de Marina Abramovic et Ulay en fait un manifeste actuel du « couple fait art ».

Décembre 1975 : Marina Abramovic rencontre F. Uwe Laysiepen, alias Ulay. C’est le coup de foudre. Avant leur rencontre, les recherches artistiques individuelles de Marina et d’Ulay se focalisaient de manière particulièrement engagée sur une interrogation touchant au statut de l’homme et de la femme. Oscillant entre le désir et le rejet d’une unité primordiale et fusionnelle, l’œuvre d’Abramovic et Ulay va s’inscrire dans une démarche de transcendance et de renvoi à soi-même en tant qu’individu dans le collectif.

La première performance des deux artistes Relation in space est donnée en juillet 1976 lors de la Biennale de Venise. Pendant près d’une heure, Marina Abramovic et Ulay, nus, courent l’un vers l’autre et s’effleurent tout d’abord, puis, de manière de plus en plus rapide et dans une intensité croissante, s’entrechoquent. Première pièce marquante d’un ensemble total de 68 performances, Relation in space délimite le champ opératoire de la dualité abordée ici sous l’angle du magnétisme des polarités du corps et de ses pulsions. Par ailleurs, elle fixe les paramètres qui définissent le principe des « Relation Works », soit, comme le disent les deux artistes, « Pas de lieu fixe, contact direct, prise de risque, mouvement permanent, pas de répétitions ni de reprises ». Viennent ainsi des performances comme Imponderabilia (1977), où lors de l’inauguration d’une exposition, ils se tiennent nus en vis-à-vis dans l’embrasure de la porte qui donne sur le Musée. Les membres du public doivent choisir, pour traverser individuellement le sas d’accès, de faire face à l’un ou l’autre. Ou encore Relation in time (1977), qui fait appel à la notion de durée. Dans celle-ci, Marina Abramovic et Ulay se tiennent dos-à-dos, les cheveux accrochés l’un à l’autre par un nœud. Au bout de seize heures passées assis sans mouvement, le public est invité à rentrer dans l’intimité de la pièce et à assister au reste de la performance qui dure encore une heure. L’acte vitaliste qui prend pour espace la microstructure de la relation comme lieu de réverbération acquiert ici, de par la contraction entre la force et le minimalisme du geste, une dimension universelle. Bien des aspects de la radicalité de leur démarche s’accordent avec les préceptes de nombreuses philosophies orientales de type zen et bouddhiste. Marina Abramovic poursuit d’ailleurs à ce jour un travail qui s’inscrit explicitement dans cette filiation, déclarant vouloir « que le corps devienne grâce à l’énergie de survie un matériel infatigable ».

Dans la somme de leurs performances, qu’ils ont qualifiées eux-mêmes de « vie éditée et d’existence chorégraphiée », ils stigmatisent la problématique fondamentale présente dans l’inconscient collectif et les « mythologies » ayant trait à la construction du couple. Leur œuvre entière apparaît comme un long travelling sur le dépassement du stade du miroir et de la notion de genre. À l’heure où les médias nous abreuvent sans éthique émotionnelle de divertissements qui n’ont de cesse de nourrir une forme extrême de narcissisme, parallèlement à des débats comparatifs sur les catégories sexuelles, ce travail offre un éclairage très intéressant. En prenant pour sphère d’investigation la relation, le corps utilisé comme seul instrument du discours déjoue ici le concept d’identité lié aux attributs sexuels. Le rapport au silence est lui aussi d’une teneur existentielle. La plupart des performances de Marina et Ulay ne font pas appel à la parole. Plus que dans la théâtralité, elles s’inscrivent avant tout dans le domaine du rite.


Finalement, le 30 mars 1988 Marina et Ulay entament chacun à un bout de la Grande Muraille de Chine, une marche qui les fait se rencontrer au milieu le 27 juin, après avoir parcouru pendant quatre-vingt-dix jours près de 2000 km. Comme le dit Bernard Narcadé, « cette action (The Lovers-The Great Wall Walk) décidée en commun sera la dernière. […] À peine réunis, ils peuvent enfin se dire en face que si la performance est finie, la boucle de leur vie commune est elle aussi bouclée et que désormais leurs chemins ne peuvent que diverger. ». Voici bientôt trente ans que Marina Abramovic et Ulay ont réalisé leur première performance. A ce jour, les dynamiques propres au couple semblent ne pas se dégager d’une série de problématiques qu’ils ont mieux que quiconque théorisées par le geste...

(d'après l'article de Stéphane Roussel, paru dans la revue Le Passant ordinaire, n°50, octobre - décembre 2004.)

Rest Energy (1980) participe du cycle des Relation Works. Pendant quatre minutes, Marina Abramovic se tient au manche d’un arc à flèche et Ulay à la corde, la main droite gantée tenant une flèche qui risque à tout instant, à la moindre déconcentration ou perte d'équilibre, d’être décochée dans le cœur de sa partenaire/son opposante. Les battements du cœur amplifiés par un microphone s’accélèrent au fil de l’expérience.
Emblématique de la relation duelle et géméllitaire, guerrière et amoureuse, qu'ils n'ont cessé d'explorer dans leurs travaux communs, Rest Energy, dans la durée de ce plan unique, confronte le spectateur à toute une série de sentiments paradoxaux, lui renvoyant en miroir ses propres contradictions dans son rapport à l'autre. L'image, certes vieillie et abîmée par le temps, conserve l'intensité d'un moment unique où se sont joués, comme dans les autres performances du couple, le risque et le désir de tout engagement amoureux.

AFL/AFH

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