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Conception par Alinoa.

Daniele BUETTI

Daniele BUETTI

© Daniele Buetti

 

Né en 1955 à Fribourg (CH).
Vit et travaille à Zurich et Munster.

www.aeroplastics.net
www.hilger.at

 

Daniele Buetti travaille non seulement avec la photo mais aussi avec la vidéo. Il pratique également l'installation. L'artiste puise son matériau dans les représentations médiatiques et publicitaires de la beauté et du luxe. Ce qui le préoccupe, c'est de constater à quel point elles conditionnent notre vision du monde, notre conception de la beauté. Par extension, il considère que ces icônes contemporaines se sont substituées à la religion.

Comme il le dit lui-même, « les beautés de la publicité, les marques, les super stars, les images, le lifestyle sont des signes et des concepts d'un phénomène auquel je m'intéresse moins pour des raisons esthétiques que pour des raisons socioculturelles : quel effet peut avoir l'omnipotence et l'omniprésence des médias sur notre esprit ? De quelles manières les images affectent-elles nos perceptions du monde et dans quelle mesure les médias castrent-ils nos sens ? (…)  Lorsqu'il s'agit de travailler avec et sur l'iconographie de la culture pop, il y a des questions centrales : quelle fonction et quel rôle jouent les médias dans la formation de l'identité ? Qu'est-ce qui constitue en dernière analyse l'identité, qu'est-ce que ça représente au fond ? Est-ce que l'identité va être éclipsée et complètement remplacée par des images dans un monde qui est caractérisé par la présence des médias, qu'ils soient électroniques ou papier ? Et, à partir de là, une autre question encore : pourquoi l'individu est-il si rarement capable de se former sa propre image du monde, de se forger une opinion absolument indépendante et, par conséquent, pourquoi cherche-t-il sans cesse à l'extérieur de l'aide et des modèles grâce auxquels s'orienter ? Une autre question concerne la façon dont les icônes de la beauté jouent aujourd'hui le rôle de substituts religieux. Comme les figurines des Saints étaient vendues dans les églises, les kiosques à journaux semblent être devenus des présentoirs d'objets de dévotion où les portraits de Saints modernes semblent promettre la rédemption. Ou, pour le dire autrement, la fusion entre la beauté absolue et le succès économique de ce début de XXIème siècle est comme la réponse donnée par un capitalisme tardif à la prédiction de Dostoïevski dans « L'Idiot », qui disait que « la beauté sauverait le monde ».

Les images présentées dans des boîtes lumineuses de grande dimension ont un aspect sculptural qui outrepasse le simple cadre photographique, d'autant qu'elles sont percées de minuscules trous qui laissent apparaître des formes, des arabesques, des coulées lumineuses mais aussi des mots qui forment des phrases adressées au spectateur.

Comme nous l'apprend Pierre-Yves Desaive, « lors de sa visite à la cathédrale de Monreale à Palerme, Daniele Buetti a été profondément marqué par les mosaïques du XIIème siècle qui recouvrent les murs intérieurs. Au-delà de l’émotion esthétique, sans doute a-t-il également perçu une parenté formelle avec son propre travail, qui intègre depuis plusieurs années déjà des flux lumineux énergétiques, semblables au ballet des photons sur les fonds d’or posés par les artistes byzantins. »

Pourquoi la lumière ? Daniele Buetti explique :  « La lumière, à n'en pas douter, est le plus magique et le plus séduisant des médias. Les spots colorés, les flashs étoilés, nous fascinent comme des papillons de nuit attirés par la lumière. Ce procédé simple, rudimentaire même, me permet d'attirer les spectateurs très près du travail. De les séduire, de les ensorceler pour ensuite, presque imperceptiblement, les confronter avec des phrases et des questions qui tourbillonnent autour des mannequins : « Avez-vous déjà pensé au suicide ? » ou « Regarderiez-vous une exécution capitale à la télévision ? » ou encore, «  De quoi vous sentez-vous coupable ? ». On ne doit pas oublier que l'homme est une créature sentimentale. Nous sommes tous très disponibles à nous laisser bercer par le kitsch sirupeux en espérant atteindre plus et d'autres sphères de plaisir. Essayer d'éviter la confrontation avec les stratégies de la séduction ou passer simplement à travers, indique à quel point la relation entre le séducteur et le séduit est retorse. »  

Entre iconoclasme et iconodulie, le travail de Daniele Buetti contourne les codes de la photo de mode ou de la publicité pour mieux nous dévoiler sa puissance fétichiste et nous montrer à quel point nous ne sommes, aucun d'entre-nous, absolument agnostiques au merchandising affectif généralisé...
    
AFL/JPH

(Les citations de Daniel Buetti sont tirées de son interview par Javier Diaz-Guardiola réalisé en 2005 pour ABC Cultural, Madrid).
 

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