SiteSucker for OS X/2.7.7

Expositions

Flicker BIP2012 Facebook BIP2012

Pour accéder au site de l'édition précédente (BIP2010) cliquer ici.

Conception par Alinoa.

Rhona BITNER

Rhona BITNER

© Rhona Bitner

 

Née à New-York.
Vit et travaille à Paris et New-York.
Site personnel : www.rhonabitner.com
Site de la galerie : www.xippas.com

 

Quels ont été vos débuts en photographie ? Où avez-vous commencé ?
On commence à penser la photographie lorsque l’on réfléchit à la manière dont on envisage le monde, dont on regarde ce qui nous entoure, à la fois dans son ensemble et dans ses parties. L’appareil photo est d’abord le moyen de prendre note de ces pensées, comme dans un calepin, et ce n’est que peu à peu que l’on devient capable de réaliser quelque chose de cohérent, de clair, et de distinct, surtout, de ce que l’on voit.
Il me semble que vos images assument la théâtralité de leur sujet. Le choix du moment relève de l’essence de la théâtralité. Comment avez-vous procédé pour réaliser ces images ?
Oui, ces images peuvent prendre en charge la théâtralité de leur sujet. Mais la façon de faire ces images est extrêmement simple. Je suis un membre anonyme du public. Je ne manipule pas l’image. Ce qui se présente devant moi est ce que je photographie. La lumière est celle du cirque ; l’image qui en résulte est telle qu’elle. J’imagine que quand je décide de déclencher, je contrôle, dans une certaine mesure, le choix du moment que j’enregistre, mais c’est un simple processus de sélection.
L’image atteste d’une immédiateté, du fait que ce qui est observé n’est pas manipulé. (Les acteurs sont pris dans une série de numéros chorégraphiques et illusionnistes, pas le spectateur.) L’immédiateté et l’anonymat de mon rôle d’observateur renforcent l’acte plutôt trivial de « voir ». La neutralité de ce processus donne à l’image (ou au sujet), plus qu’à la conception de l’image, la possibilité de vibrer. C’est peut-être là ergoter, mais réduire l’acte de voir à l’essentiel permet peut-être au spectateur d’être touché par la théâtralité de l’image. Etre touché ou amusé par l’image n’est pas malvenu, mais je ne cherche pas à provoquer un sentiment de fascination.
Vous mettez en scène le fait même d’être spectateur – une activité aussi fondamentale à la structure théâtrale que la performance elle-même.  Comment en êtes-vous venue à ce nouveau projet de photographies de théâtres vides ?
J’aime l’acte de représentation tel qu’il  est perçu des deux côtés du rideau. Les grands portraits de clown que j’ai réalisés m’ont permis d’étudier ce que vivent et voient l’acteur et le spectateur – chacun étant également actif et passif. Cela m’a amenée à considérer l’instant précis qui précède le début de chaque représentation. Cette absence (ou cet intervalle) est aussi intéressante pour moi que l’acteur ou la représentation.
Ces nouvelles images, très proches en cela de mes travaux précédents, sont assez simples – la théâtralité est sans nul doute présente, mais, à nouveau, je ne la crée pas, elle est simplement observée. De la même façon que vous avec noté le caractère intrinsèquement théâtral de la représentation, le moment où tout se tait, où les projecteurs illuminent le rideau et son ouverture, crée une électricité presque impalpable ; l’absence, l’attente et l’appréhension retentissent de façon très similaire au spectacle qui va suivre. C’est un moment extraordinaire, extrêmement personnel et subjectif, et pourtant universel. Peut-être ces images condensent-elles plus encore l’idée de « regarder ». Enlevez les acteurs, les clowns, et il reste encore une expérience partagée qui surgit de ces éléments neutres et inanimés.
« Rhona Bitner, le regard attentif d’un spectateur détaché », interview par Barrry Schwabsky, Art Press, n0307, Décembre 2004, p. 41-44.

<< Artiste précédent | Rhona BITNER | Artiste suivant >>