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Conception par Alinoa.

Erwin OLAF

Erwin OLAF

© Erwin OLAF, Grief, 2007

 

Né en 1959 à Hilversum (Pays-Bas).
Vit et travaille à Amsterdam.


www.ewinolaf.com

 

Le photographe et vidéaste néerlandais Erwin Olaf a acquis une renommée internationale. Photographe d'exception, il fait partie des plus grandes collections comme celle du Ludwig Museum, du Groninger Museum, d'Art+Public ou encore de celles des Margulies aux Etats-Unis. Erwin Olaf a également exposé dans de nombreux musées à travers le monde, dont le Museum of modern art de Moscou, le Stedelijk Museum d'Amsterdam, le MOCCA de Toronto ou la MEP à Paris.

“Le vrai mystère, c’est le monde visible, non l’invisible” (Oscar Wilde). Erwin Olaf peut être considéré comme l’un des grands regards radicaux et contemporains dont l’obsession plastique pourrait laisser croire à une certaine superficialité esthétique quand, en réalité, son exploration patiente des apparences, le perfectionnisme de ses mises en scène, loin de transformer les sujets en mannequins sans âme, révèlent l’énigme brute du réel. “Ce qu’il y a de plus profond dans l’homme, c’est la peau” rappelait Paul Valéry. C’est là le véritable propos des œuvres d’Erwin Olaf.

Véritable amoureux des formes et des femmes, Erwin Olaf le reconnaît lui-même:"quand je crée mon propre monde, je peux exprimer parfaitement ce que je veux dire." Un langage qui est avant tout celui de l’ambiguïté et de l’équivoque. Combinant le maniérisme de ses travaux publicitaires pour les plus grandes marques globales (Levi’s, Diesel ou Nintendo) avec une profondeur picturale et cinématographique inspirée tant par Vermeer, Hopper, Mondrian ou Tati, Erwin Olaf joue des contraires pour mieux tromper le regard de l’observateur. Là où ses clichés de jeunes femmes sublimes appelle à une telle perfection que l’on croirait ses modèles faits de cire virtuelle, Olaf introduit dans ce microcosme de démiurge un élément perturbateur. La pluie, un battement de paupière, un silence… rien de que très invisible en soi mais qui s’immisce dans l’image comme une étrangeté, une quasi-monstruosité silencieuse. Erwin Olaf offre un panorama spectaculaire de l'ambiguïté dans son art: entre sur-objectivité et sentimentalisme, superficialité publicitaire et théorisation esthétique, vrai et faux… et laissant au fil des années de plus de plus de part à la manifestation immédiate de l’humain, du trop humain.

La série Grief (« deuil » en anglais) a été inspirée par Jacqueline Kennedy et l’assassinat de Dallas. (…) Les sujets de « Grief » sont saisis au bord de la falaise: l’annonce du drame, l’absence définitive de l’être attendu, le retour impossible au foyer. S’inscrivant toujours dans ces intérieurs neutralisant de bourgeoisie des années 50, Erwin Olaf saisit l’instant décisif, le moment avant la chute, avant l’abandon aux larmes, aux cris, à la colère.

Et là où les personnages remplissaient auparavant l’espace de leur nature d’objet, ce sont désormais les objets quotidiens qui hurlent leur présence à l’image: le verre rempli de whisky qui ne sera jamais vidé, l’assiette déjà froide attendant un convive qui n’arrivera pas, les meubles expirant leur confort suranné, ce bas qu’il n’est plus nécessaire d’enfiler, cette robe, cette coiffure si soignée qu’on ne verra pas démêlée, cette horloge que l’on veut arrêter. Sublimant ses modèles féminins dans une approche quasi-flamande de la lumière, les parant de prénoms empruntant à la mythologie contemporaine (Caroline, Victoria, Barbara, Irene) La douleur, invisible, pas même esquissée, résonne pourtant en nous, comme si nous devions collectivement porter le deuil étouffé d’un certain destin occidental s’incarnant dans une esthétique américaine des années cinquante, décennie grosse d’une idéologie du progrès qui pour certains pris fin en 1963.

Tiré d'un article de Nicolas Denis, publié sur son blog Next Exit Please (http://nicolaspetit.wordpress.com)

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