Clément Cogitore développe une pratique à mi-chemin entre cinéma et art contemporain. En intégrant des dispositifs cinématographiques à des éléments relevant à priori du domaine des arts plastiques, en détournant les formes de narrations traditionnelles, ses travaux proposent quelques réflexions autour de la mémoire collective, de la figuration du sacré, ainsi que d’une certaine idée de la perméabilité des mondes. (D'après un texte de Clément Cogitore).
L'installation ici exposée repose sur la symbolique du mirador, objet de contrôle et poste de tir. Mis en lumière, à l'instar des monuments patrimoniaux, celui-ci était propriété de l'armée autrichienne avant son entrée dans l'union européenne. Les images diffusées, issues d'une caméra à très haute sensibilité, présentent, au ralenti, des animaux parcourant de nuit un couloir, en réalité une passerelle à gibier. Le vestige de la lutte contre l'immigration clandestine est ici réaffecté au contrôle d'autres êtres vivants. Et Clément Cogitore d'interroger par cette métaphore les principes de démocratie, d'ouverture des frontières, de libre circulation. A moins que l'artiste ne pose simplement un constat : l'espace Schengen ne supprime pas les frontières et modalités de surveillance, il les redessine, simplement.
